Par Camille Parsi
Pour la troisième et avant-dernière soirée des Nuits du piano, le jeune pianiste sud-coréen, benjamin de cette 12e édition, a envoûté le public d’Erbalunga de son jeu solaire et passionné. Un concert de haute volée.
A écouter les premières notes de Rachmaninov égrenées sur le piano de l’écrin de verdure du théâtre d’Erbalunga, difficile d’imaginer que Hyuk Lee a tout juste 22 ans. Et ce ne sont pas les quelques rafales de vent qui se sont invitées pour son récital aux Nuits du piano ce mardi soir, qui ont contrarié le bonheur des centaines de personnes réunies pour y assister.
Découvrant – pendant près de deux heures – ce jeune talent qui compte parmi les plus prometteurs de sa génération. À la nuit tombée, ce vent accompagnait à merveille la fougue de Rachmaninov, mise à l’honneur lors de la première partie.
Le virtuose sud-coréen, seul sur scène, pendant près de 45 minutes, y a mis toute l’énergie de son jeu, touchant, profond et habité, au service de son art. Dans un lieu propice à l’émotion et à l’acoustique singulière, où le chant des cigales côtoie le bruit de la mer, les sonorités qui émanaient du piano de Hyuk Lee étaient d’une rare intensité.
Pas moins de quatre bis
Après un entracte sur les coups de 22 heures, le jeune artiste a livré une deuxième partie d’une grande densité, tout en variations virtuoses, dédiée à l’un de ses compositeurs de prédilection : Chopin. Un répertoire qui lui sied à merveille, avec cette remarquable interprétation de la Sonate pour Piano n°3 en si mineur op.58, qu’il incarne de toute la finesse et la sensibilité de son coucher aérien. Avec un Finale qui, à l’image de l’ensemble du concert, est un prodige de vitalité. Lorsque Hyuk Lee se lève pour le salut final, immense sourire aux lèvres, l’émotion du public est palpable, tant il est difficile de quitter un artiste à la personnalité si rayonnante. Les salves d’applaudissements sont suivies d’ovations debout, et ce ne sont pas moins de quatre bis qui viendront prolonger le plaisir des mélomanes réunis sur les gradins du théâtre de verdure. De nouveau du Chopin, Rachmaninov et enfin la Marche turque de Mozart, dans le sublime arrangement du pianiste Arcadi Volodos. « C’est une rencontre incroyable, un jeune pianiste habité, débordant d’énergie, c’est formidable d’avoir pu l’inviter, et pour les organisateurs il est important de toujours garder cette fraîcheur qui permet de donner leur chance à ces nouveaux talents, confie Patrice Moracchini, directeur artistique des Nuits du piano, qui l’a découvert juste avant qu’il obtienne son premier prix au prestigieux concours Long-Thibaud de musique classique. Une révélation, et la promesse d’une immense carrière qui ne fait que commencer.
A noter que le festival se clôture ce jeudi soir, sous la conduite du pianiste russe Pavel Kolesniko\\ virtuose du clavier qui apportera la « touche » finale à cette programmation somptueuse.
Chopin y sera de nouveau à l’honneur, avec Olivier Messiaen, ou encore Ravel et Schubert. Ce qui laisse présager une dernière nuit radieuse.